Mis à jour le 10 janvier 2024 par Samy

L’infidélité conjugale, ou l’adultère, est un phénomène ancien qui a évolué au fil du temps en France. Bien qu’elle ne soit plus considérée comme un délit depuis 1975, l’infidélité n’en reste pas moins une réalité qui touche de nombreux couples. Qu’en est-il en 2024 ? Faisons le point sur les dernières statistiques, les raisons qui poussent à tromper son conjoint et les conséquences de l’infidélité sur le couple.

Statistiques de l’infidélité en France

two people walking on a beach at sunset

Selon une étude IFOP, site spécialisé dans les rencontres extra-conjugales :

  • 37% des femmes françaises interrogées avouent avoir déjà trompé leur conjoint actuel ou un précédent, contre 25% en 1970
  • La proportion d’hommes infidèles serait de 45%
  • 40% des 18-34 ans sont inscrits sur des sites de rencontres, et plus de 25% ont payé un accès premium
  • Sur l’ensemble des sondés infidèles, 39% déclarent avoir des regrets

On constate donc que l’infidélité féminine, bien que toujours inférieure à la masculine, est en constante augmentation. Les nouveaux modes de rencontres sur internet facilitent les aventures extra-conjugales.

Raisons de l’infidélité en France

a woman wearing glasses laying on a couch

D’après la même étude, voici les principales raisons invoquées par les Français pour justifier leur infidélité :

  • Attirance physique ou sexuelle pour un tiers : 41% (52% pour les femmes)
  • Manque d’attention du conjoint : 47% pour les femmes, 24% pour les hommes
  • Désir de retrouver l’excitation des débuts : 28%
  • Insatisfaction sexuelle : 21%
  • Vengeance suite à une tromperie subie : 12%
  • Envies de prouver qu’on peut toujours séduire : 22%
  • Sentiments amoureux pour un tiers : 21%
  • Désir de goûter à l’interdit : 20%

On constate la prédominance des raisons individuelles liées aux pulsions et à l’égo. Viennent ensuite les problèmes relationnels au sein du couple comme le manque d’attention. La vengeance est un motif minoritaire.

Conséquences de l’infidélité sur le couple

a blurry photo of a woman in a white dress

L’infidélité a souvent des répercussions psychologiques et relationnelles importantes. Elle peut conduire à :

  • La fin de la relation, avec une demande de divorce pour faute
  • Une crise de confiance durable
  • Un sentiment de trahison, de la colère, de la tristesse chez le conjoint trompé
  • Une baisse de l’estime de soi
  • La peur de s’engager à nouveau dans une relation
  • Des comportements agressifs, voire des tentatives d’homicides
  • Un stress post-traumatique

Certains couples arrivent cependant à surmonter l’adultère, à condition d’une communication saine, de la compréhension et du pardon. Cela peut même renforcer la relation. Mais dans l’ensemble, peu de duo résiste à cette épreuve sur le long terme.

Le regard de la société française sur l’infidélité

La perception de la tromperie en France a évolué avec les mœurs au fil du temps :

  • Jusqu’au 20ème siècle, l’adultère masculin était toléré tandis que le féminin était sévèrement puni
  • En 1975, l’infidélité est dépénalisée mais reste une faute civile pouvant conduire au divorce
  • Aujourd’hui, l’opinion est plus partagée : si une majorité désapprouve, d’autres estiment qu’il est impossible d’être fidèle à vie ou que certains écarts sont pardonnables

Le jugement dépend aussi du type d’infidélité. Ainsi, 74% des Français considèrent qu’avoir une relation suivie est de la tromperie, contre seulement 41% pour un simple texto coquin. Le flirt est vu comme tel par 43% des sondés.

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Évolution historique et juridique de l’infidélité en France

Revenons plus en détails sur l’évolution du phénomène à travers l’Histoire dans notre pays :

1. Moyen-Âge : la noblesse s’adonne à l’amour courtois

Paradoxe de cette époque très religieuse, les romans et poèmes courtois du 12ème siècle présentent très souvent des histoires d’amour adultères entre chevaliers et nobles dames. Le mariage est vu comme une union de convenance tandis que la passion et le désir s’assouvissent en-dehors.

2. Ancien Régime : l’inégalité face à l’adultère

Sous l’Ancien Régime, l’adultère féminin est sévèrement puni de peines physiques ou de couvent, alors que masuclin est toléré. Le crime d’honneur est également admis dans une certaine mesure.

3. Révolution : une parenthèse de liberté

Sous la Révolution française, l’infidélité conjugale est dépénalisée quelques années.

4. Code Napoléon (1804) : retour d’une certaine morale

Le Code civil napoléonien ne punit l’adultère féminin que de 3 mois à 2 ans de maison de correction, tandis que le masculin n’est passible que d’une amende. Le mari est également excusable s’il tue sa femme en flagrant délit.

5. 19ème siècle : romans et lois

Des romans comme Madame Bovary ou Thérèse Raquin mettent en scène des histoires d’infidélités. Sur le plan légal, des lois successives rétablissent et encadrent le divorce pour adultère.

6. Années 1970 : dépénalisation et égalité

En 1975, l’infidélité n’est plus un délit mais reste une faute civile pouvant conduire au divorce. Il n’y a plus de distinction entre hommes et femmes sur le plan pénal. Le juge apprécie désormais au cas par cas la gravité des torts.

woman sitting on wing chair

L’infidélité en 2024, reflet de l’évolution de la société ?

Bien qu’encore majoritairement condamnée sur le plan moral, la perception de l’infidélité s’est considérablement assouplie en France au cours du 20ème siècle, suivant l’évolution des mœurs. La place de la femme dans la société y est sans doute pour quelque chose : plus libres et indépendantes, elles osent davantage franchir le pas de l’interdit.

L’infidélité demeure cependant un sujet sensible, révélateur du malaise de beaucoup de couples en 2024. Entre désirs refoulés, routine ou manque de communication, elle traduit bien souvent une forme d’échec du couple à répondre aux aspirations de chacun.

Les sites et applications de rencontres fournissent un exutoire facile à la tentation, mais fragilisent un peu plus des unions déjà vacillantes. Leur utilisation croissante chez les nouvelles générations reflète aussi un certain désintérêt, voire une défiance, vis-à-vis de l’engagement et de la fidélité.

Au delà des jugements moraux, l’infidélité mérite donc d’être analysée avec nuance, comme le symptôme de maux individuels et sociétaux qui dépassent le simple cadre du couple.

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